5.7.11




Trois semaines à Kara, après deux passées à Lomé, ça fait du dépaysement...! Là-bas, l'air est moins pollué, il y a moins de gens, il fait moins chaud... Mon travail à la bibliothèque d'Agoé m'a permis de rencontrer un tas d'enfants. âgés de 2 à 18 ans. Cependant, je n'ai pas entrtenu avec eux des liens ausi forts qu'avec les enfants de Léa, car je ne vivais pas H24 avec eux, et surtout, ils étaient trop nombreux pour que je les connaisse véritablement (des jours d'affluence ils sont 80!).

Les enfants de Léa... Elle m'a considérée comme tel durant ces trois semaines. Une fois, nous étions parties au marché ensemble et elle a été interpellée par des dames qui voulaient me marier avec leurs fils. Léa a alors rétorqué: "Mais ma fille n'est pas à marier!". La première semaine passée, je me suis sentie chez moi, "dans ma famille". J'aidais du mieux que je pouvais (et surtout quand ils me laissaient faire) à certaines tâches quotidiennes. Tous les soirs, je faisais du soutien scolaire aux enfants, on se réunissait à l'étage, dans les appartements des invités. Chérita, Alain, Kossi, Rachou étaient des abonnés, Romaric, Jacqueline et Adèle venaient à leur guise, Bernadette et Bénédicte me demandaient de les aider soit en Physiques-Chimie, soit en Anglais. Ces moments-là étaient très importants pour moi, j'ai vu combien certains attachaient beaucoup d'importance à l'école et étaient réellement motivés pour réussir, Alain voulait venir avec moi en France et faire des études de médecine...

Mes autres moments favoris étaient le soir, quand les plus petits sont censés dormir, mais restent éveillés car ils osnt fascinés par ce que disent les plus Grands. Je venais souvent voir les garçons, ils sont très drôles. Une fois, on avait tous joué à "1, 2, 3 Soleil" durant des heures, vers le "puits" avec les filles et les garçons.

J'ai eu aussi la chance de suivre Léa dans des villages avec son équipe médicale très sympathique. Ils distribuaient le traitement pour les personnes séropositives (trithérapie), et les consultaient. Ce sont les mêmes personnes, et cela depuis quelques années. Léa et ses collègues ont pu revendre les médicaments à un prix très bas grâce au financement de l'église Catholique qui prend en charge sur chaque médicament 75%. Le malade ne paye seulement 25%... A la fin de la journée, ils distribuent des céréales gratuitement, puisque en venant au centre, ils ont perdu une journée de travail.

Léa et son équipe vont une fois par mois dans ces deux villages. A Niamtougou, il y a beuacoup de patients, dans l'autre village dont j'ai oublié le nom, qui est à plus de 100 Km de Kara, il y a peu de personnes finalement. D'ailleurs on est tombé en panne, c'était drôle, heureusement on était à côté d'un marché où on a pu manger un peu. Jean m'a gentiment traitée de "Kangana", la sorcière dans une série télé.

Deux dimanches de suite, j'ai accompagné les enfants à la messe. Pas du tout l'ambiance d'ici, c'était quelque chose de joyeux à la fois et de spirituel. Du Gospel plein les oreilles aussi. Je me souviens que le dimanche 15 Mai, il y avait foule dans ce bâtiment de béton, tous les jeunes étaient venus pour prier pour la réussite à leurs épreuves de Bac (les 1ères er les Terminales). Certains s'endormaient durant la cérémonie, normal, à 6h30... Rachel s'est endormie, la tête sur mon épaule, Germaine n'arêtait pas de gesticuler, Romaric et Chérita s'étaient assoupis... Et moi je ne comprenais pas très bien quand il parlait en Kabié... Assez comique, ce matin-là.

Je suis aussi allée au Bénin avec Béné-la-grande-girafe. On a attendu 2heures qu'un taximan remplisse son véhicule et partir à la ville la plus proche. Le Bénin finalement c'est le Togo, avec plus de musulmans...

Je me suis rendue aussi à Pia, là où certains enfants de Léa vont en vacances, vers la maman de Romaric (j'ai vu son petit frère). Ils nous ont offert du Tchouk, à Béné, Madeleine et moi (elle n'avaient pas cours).

J'aimais aussi partager avec eux des moments simples, comme aller chercher des feuillages pour les chèvres sur le bord de la route (j'avais peur que Papa et Daniel tombent de l'arbre), ou encore jouer avec eux au foot, à la tomate devant la maison, accompagner Kossi, Chérita et Alain chercher Romaric et Jacqueline à la fin de leur épreuve de CPD, ou encore cuisiner avec eux des gâteaux, faire sauter des crêpes (Marcelin était aux anges), attendre que le pop-corn saute dans la poêle, préparer le foufou, aller chercher de l'eau dans le puits...

Les moments magiques, c'est quand ils me parlaient de leur famille, de leur vie avant l'orphelinat, leurs souvenirs. J'ai vu où Alain habitait avant, et je me rend compte pourquoi il travaille si bien à l'école, car il a vécu quelques années sans aller à l'école... C'était le jour où Léa m'a conduit dans les montagnes de Kara, là où le paysage est verdoyant et magnifique, et qu'elle m'a présentée à son frère Nicolas, son neveu..., et le lieu de son enfance.

Ce que j'aimais aussi, c'était apprendre le Kabié avec eux (bon, ils m'ont aussi appris des mots grossiers, mais chut), et leur raconter ma vie en France: non, je ne tape pas mes frères et soeurs, oui je prépare à manger comme vous, non je n'ai pas redoublé, oui je ne ressemble pas à une française blanche, oui il y a des tonnes de supermarchés,...

Quand Léa travaillait la semaine à l'hôpital, je mangeais le midi avec les enfants, et j'adorais ça. Je leur faisais goûter mon assiette (bon, à partager en 20 parts c'est pas très pratique, mais je me débrouillais toujours pour que chacun ait une part).

Je ne pourrais sûrement pas résumer ces trois semaines sur quelques pages, c'est bien trop court pour partager tous ces moments.

J'en garderai que des souvenirs magnifiques. et surtout, j'ai hâte de finir les études pour les revoir... Dechen.


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